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Et si être naïf était une qualité ?

Il ne passe pas une semaine entre mon arrivée dans un nouvel environnement professionnel (que ce soit en tant qu’interne ou chez mes clients) sans que je ne le confesse : “Vous savez, moi je suis naïf, je ne connais pas vos codes ni votre fonctionnement ni vos protocoles. Je vais les détecter, m’y adapter autant que faire se peut, mais ma priorité c’est d’abord de mener à bien le projet et ensuite de vous plaire ou coller à vos normes.”

On me le répète : “Tu ne devrais pas dire ça sur toi et encore moins dans la sphère professionnelle, ils ne te prendront pas au sérieux”. Si je ne suis pas pris au sérieux parce que j’avoues ma naïveté, alors je ne devrais pas prendre au sérieux mon interlocuteur en retour. S’arrêter à un des aspects de ma sensibilité pour définir des compétences et connaissances n’est pas pertinent.

Je n’ai aucun mal à le dire, ma naïveté n’est pas un frein à mes compétences professionnelles. J’ai même plutôt tendance à croire l’inverse. Et naïvement, je ne comprends pas que nous restions collés à des normes et dogmes internes à une organisation si ceux-ci ne sont pas performants. Je ne comprends pas le blocage par des processus longs, fastidieux, fatigants et décourageants. Et parfois, j’ai juste envie de dire à mes interlocuteurs “Mais on fonce non ? On casse la fenêtre et on y va, si on se plante on recommence, si ça réussit on aura eu moins de frustrations.”

Non, pour moi être naïf est une qualité. Encore plus de nos jours dans les éco-systèmes où l’idéation et la créativité sont (et doivent l’être davantage !) encouragées. C’est retrouver son âme d’enfant, la manière dont nous réfléchissions à des limites que les adultes se posaient sans vraiment les comprendre. 

 

D’ailleurs, dans les méthodologies de Design Thinking, bien souvent sont reprises les mises en situation suivantes:

  • “Comment tu vivrais cette situation si tu avais 8 ans ?”
  • “Comment décrirais-tu cette idée à ta grand mère ? Et à ta petite cousine de 6 ans ?”

Ce besoin de simplifier pour être compréhensible et ne pas s’entourer de fioritures dictées par des protocoles admis mais non-dits (un peu comme la recette de la fricadelle). C’est sortir parfois d’un vocable propre à une organisation ou à celui de l’écosystème start-up par exemple.

Être naïf permettra de poser des questions plus facilement sur des choses qu’on ne comprend pas ou qui paraissent évidentes pour d’autres, challenger des concepts et processus et avoir envie de les bousculer. Ca ne fait pas de nous des supers-héro. Je pense même que nous sommes parfois peu appréciés ou que nos qualités professionnelles ne sont pas reconnues à leur juste valeur, mais qu’à d’autres moments, nous apportons une vision alternative permettant d’ouvrir le champs des réflexions et de laisser libre cours à la créativité.

Malgré tout, il s’agit de garder les pieds sur terre; tout n’est pas faisable à l’image d’une séance d’ouverture en idéation (celle où nous faisons fi des barrières et obstacles), l’objectif sera d’adapter les réflexions au contexte et aux capacités de votre environnement professionnel.