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La réponse est sans appel : Non.

Bien que l’enseigne s’en serve pour communiquer fort et se voit comme innovante grâce à ce nouveau service, finalement, ça ne sert à rien.

La livraison dans le réfrigérateur proposée par Carrefour, c’est un peu le Métavers de la livraison : ça fait beau, ça fait plaisir aux investisseurs, mais au global y’a deux pleu-pleux qui vont s’en servir. (Après, Carrefour a une rude expérience dans le métavers infructueux, mais si on en croit les hauts décideurs c’est une révolution.)

Livraison dans le frigo : quelle utilité SVP ?

Aujourd’hui, on peut faire ses courses de 5 manières :

– Faire ses courses en magasin, sur de longues plages horaires. (8h-20h en moyenne), voire plus et 7J/7J en métropole.

– Planifier une livraison de courses sur un créneau de notre choix.

– Planifier des courses livrées en 2h.

– Commander et recevoir des courses d’appoint en 15min via les nouveaux acteurs. (ok, l’assortiment est moins grand).

– Commander et aller retirer au créneau de notre choix en drive et drive piéton.

En somme, le Quick commerce a créé la livraison en 15minutes dont personne n’avait réellement besoin et en réponse, on créé la livraison pendant l’absence, dont finalement, pas grand monde n’a besoin.

Là où par contre effectivement ça a un potentiel intérêt, c’est pour les personnes âgées ou celles en situation de handicap.

Mais le parcours est chaotique: le client doit passer commande sur le site de la marque, choisir un créneau de livraison (donc, on revient au même procédé que la livraison à domicile classique), être équipé d’une serrure connectée et, lorsque le livreur est en approche, le client doit lui donner l’autorisation d’accéder à l’intérieur. En somme, Carrefour réinvente le visiophone, puisque le livreur n’est finalement pas autonome dans sa livraison et le client doit malgré tout remplir des actions (oui bon OK c’est à distance, mais est-ce que ça vaut le coup (et le coût) de développer une telle feature, pour qu’au final le client doive faire interface avec le livreur ?)

Est-ce une innovation ?

Non, par contre le système permettant de déverrouiller la serrure du client en est une et a beaucoup de sens pour les conciergeries de location courte durée, par exemple.

Est-ce viable économiquement ?

On sait que dans le e-commerce, qu’il soit alimentaire ou non-alimentaire, la livraison est ce qui fait pencher la rentabilité vers les pertes. Ce qui est en plus, un frein à l’achat pour le client qui n’aime pas beaucoup payer des frais de livraison. Difficile de voir ce service facturé et surtout de le voir davantage facturé qu’une livraison à domicile classique, le surcoût serait un frein fort et la plus-value du service tellement faible que les clients se rabattraient sur les solutions existantes. Et à raison.

Mais je trikite, y’a vraiment rien de bon à tirer de ce service ?

Du service en lui-même, franchement, non. C’est comme les courses livrées en 15minutes, on en a pas vraiment besoin, et le massmarket fera sans.

Par contre cette fonctionnalité (suivie des autres sur le métavers, du partenariat Google x Carrefour etc) montrent un certains dynamisme du 7ème retailer mondial. Ca montre une ambition de tester des choses, de laisser libre la créativité et de faire fi du ROI. Et dans un secteur comme le retail, c’est plutôt rare et beau à souligner. Y’a plus qu’à faire converger montagne du kiff et besoins du marché, histoire d’investir à bon escient de l’argent, qui aujourd’hui plus qu’hier encore, est un sujet chaud.